Mon blog-notes du mardi 7 avril 2015

Les dessous de l’embauche de Montebourg par Habitat et Talan

images                                                                         Montebourg ou le charlatanisme en politique

    Arnaud Montebourg est un spécialiste de l’acheter français. Enfin, il paraît ! Moyennant quoi, il s’est fait embaucher par une société, Habitat, dont la maison-mère achète 70% de ses marchandises à l’étranger. Mais ceci est anecdotique. Ce qui l’est moins, ce sont les ressorts cachés – mais qui illustrent parfaitement le système de détournement d’argent public par les politiques – de son double recrutement par Habitat et par la société d’ingénierie informatique Talan.

    Pour Habitat, Montebourg sera, selon Hervé Giaoui, PDG du groupe Cafom, chargé de « promouvoir l’innovation et l’excellence française en matière de design ». Avantages attendus par Habitat et sa maison-mère peu regardante sur l’origine des meubles qu’elle commercialise, mais c’est une intuition très personnelle : des aides publiques à l’image de ce qu’a fait Amazon en Saône-et-Loire, un département dirigé à l’époque par un certain… Montebourg Arnaud !

    Talan, elle,  a créé un « comité d’orientation stratégique » de sept membres où il a été bombardé vice-président aux côté d’un nouvel arrivant : Michel Combes, le directeur général d’Alcatel-Lucent. La ficelle est plus discrète mais exemplaire d’un modèle économique que j’ai décrit comme une confiscation des moyens publics aux fins d’intérêts privés. Créée il y a tout juste dix ans, Talan, qui réalisait 16 millions d’€uros de chiffre d’affaires il y a cinq ans, 28 en 2010, 57 en 2012 et 114 en 2014, en annonce 200 en 2016 et 1 000 (millions d’€uros) en 2022. Une ascension vertigineuse qui doit plus à ses parrains qu’à ses fondateurs.

    Depuis sa création, cette société d’ingénierie informatique dont les clients ont nom EDF, la SNCF ou Société Générale (j’aimerais savoir qui sont les autres clients !) a toutes les fées économico-politico-financières à ses côtés. Pour financer son développement, Talan n’a pas eu à faire jouer celui (mauvais jeu de mots) de ses fondateurs, tous anciens de très grosses boîtes soi-disant privées mais dirigées par d’anciens hauts fonctionnaires. C’est ainsi qu’elle vient de lever 42 millions d’€uros de fonds souscrits pas un fonds de prêt aux entreprises créé il y a moins de deux ans appelé NOVO.

    NOVO est une association de 24 « investisseurs » dont 18 compagnies d’assurances avec, c’est très curieux, la participation du Fonds de réserve pour les retraites (FRR) et de l’Erafp, l’Etablissement de retraite additionnelle de la fonction publique, deux organismes publics chargés de la gestion des retraites obligatoires. Les Français seront contents d’apprendre que l’argent destiné à leur retraite est utilisé pour spéculer. Mais ils se rassureront (ou pas !) en apprenant que, derrière ce fonds, il y a… la Caisse des Dépôts et Consignations. Enfin, la Cour des Comptes serait bien avisée de s’intéresser à la question du point de vue financier et le Conseil d’État sur le plan juridique.

    Bref, quand tous les médias disent aux Français qu’Arnaud Montebourg s’est recyclé dans le privé, ils mentent effrontément. Ils mentent en connaissance de cause mais c’est parce qu’ils mentent que la chose est possible. Et ils mentent parce qu’ils sont achetés à coups de subventions publiques (lire Aides à la presse 2013…). La vérité est qu’Arnaud Montebourg profite d’un système qui consiste pour l’État à assurer à ses anciens ministres des rémunérations de PDG du CAC 40 via des emplois fictifs dans des entreprises grassement dotées d’argent public (lire). Rappelez-vous Rachida Dati et ses confortables rémunérations assurées par EDF-SUEZ ! (Lire)

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Dominique Reynié « entre » en politique. Il n’y était pas déjà ?

Dominique_Reynié

    J’ai souvent parlé ici, mais plus encore dans mon livre La France confisquée, des liens entre les « fondations » et les think tanks les plus en vue et les partis politiques (les deux mots fondation et think-tank n’étant ici rien de plus que des cache-sexe des lobbies). Des liens et de l’argent qui va avec… Car, en ce domaine comme dans tous les autres, le système est parfaitement verrouillé. Tous les organismes ayant pignon sur rue et œuvrant ou sévissant dans la « politologie »  sont des émanations du monde politique ou parrainés par lui. Ce statut leur confère deux avantages : le premier est le financement public plus ou moins direct ; le second est l’accès aux médias, notamment publics. Puisque Dominique Rénié nous en donne l’occasion, j’y reviendrai prochainement et les passerai en revue, de telle sorte que les téléspectateurs-citoyens-contribuables qui participent par plusieurs canaux à leur prospérité sachent à qui ils ont affaire quand il les voient à la télé.

    Ainsi donc, Dominique Reynié, le Directeur général de la Fondation pour l’innovation politique (lire) très connu des habitués de C dans l’air, a posé sa candidature pour une investiture comme tête de liste de l’UMP aux Régionales de l’automne prochain en Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon. Ceux qui ne savent pas ce qu’est la Fondation pour l’innovation politique dite Fondapol, c’est plus chic, seront étonnés de le savoir « de droite » (mais l’UMP est-elle « de droite » ?). Son discours européiste et très politiquement correct pourrait aussi bien le rattacher aux socialistes ou aux centristes. Mais ça ne fait qu’illustrer une fois de plus la réalité sociologique et idéologique de l’UMPS.  

    Dans l’immédiat, ce coming out politique du directeur général de la fondation umpiste pose plusieurs questions. La première est : le temps de parole – considérable – de DR dans les médias publics sera-t-il mis au compte de l’UMP ? La deuxième est : Dominique Reynié étant un pilier de plusieurs émissions radiophoniques dites de « service public », devra-t-il en démissionner ? La troisième est : devra-t-il se mettre en congé de Sciences-Po où il enseigne ? Je rassure tout de suite les fans de Dominique Reynié : ces questions ne sont posées que pour la forme car s’il fallait que les médias s’arrêtent à de telles considérations, la moitiés de ceux qu’on entend dans le poste en seraient exclus. D’ailleurs, la réponse est toute trouvée : du moment que « le pluralisme » est préservé, il n’y a aucune raison pour que Dominique Reynié ne soit plus invité à C dans l’air. Or, Yves Calvi n’aura aucune difficulté à faire la démonstration qu’il respecte le pluralisme puisque son émission accueille sans discrimination les représentants de toutes les chapelles politico-idéologiques (c’est-à-dire de tous les lobbies) pourvu qu’elles fussent « républicaines » selon leur propre terminologie.

    Ceci étant, et plus sérieusement, Dominique Reynié fait très bien son métier. C’est un excellent professeur et un très bon vulgarisateur, fin et mesuré. Malheureusement, je sais déjà que la politique active ne gagnera pas autant à son arrivée que l’enseignement et le débat public y perdront. Car la démocratie est le règne du charlatanisme et les compétents y cèdent toujours, en tout cas, provisoirement, et il est permis d’espérer que cela change, face aux beaux-parleurs et aux menteurs. Je m’efforce d’en faire le pari. Et, tant qu’à faire, je me réjouis que Dominique Reynié ait choisi ma région d’élection (ce qui est normal puisqu’il est aveyronnais) sans pour autant souhaiter qu’il y triomphe car ce qu’il défend n’est plus défendable. Quoi qu’il en soit, j’avais déjà relevé le haut niveau des débats dans la circonscription Grand-Ouest pour les Européennes de mai 2014 (lire) ; je crois que, avec son arrivée, ceux des Régionales prochaines y gagneront encore. Je m’en pourlèche par avance, et, ce, d’autant plus qu’il se peut qu’un autre Dominique (Jamet) s’y fasse lui aussi parachuter par son parti, Debout la France.

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3 réponses à Mon blog-notes du mardi 7 avril 2015

  1. tiar dit :

    GAUCHE/DROITE Tous des voyous des magouilleurs au frais de la société des hypocrites prenant le peuple pour des imbéciles un autre 1789 faire un bon nettoyage

  2. domichel dit :

    les Français ne veulent plus cautionner ces tours de passe-passe et l’utilisation de leurs impôts à des fins de méthodes d’entregents. le taux d’abstention aux dernières élections en est l’illustration aussi,….Hélas!.
    la confiance et la probité deviennent une denrée rare à la lumière des sunlights du pouvoir pour tous ces anciens élus ou futurs qui deviennent et se veulent des professionnels de la Politique. un concentré de brut supplémentaire pour la vie française et sa société déjà plus que secouée que vous nous donnez là Kader …… je ne peux plus en rire tellement c’est lamentable…!!!!!!!!

  3. saurat dit :

    Vos analyses sont toujours tres justes , surpris que l’on vous laisse encore parler

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