L’Europe sera-t-elle sauvée par le peuple allemand ?
Samedi 18 avril, un mot d’ordre intereuropéen de manifestation contre le Traité de libre-échange transatlantique (TAFTA) a été suivi par quelques centaines de Français et plusieurs dizaines de milliers d’Allemands. A Munich, par exemple, ce sont pas moins de quinze mille personnes qui ont arpenté les rues de la ville. D’ores-et-déjà, un grand rassemblement est programmé à Berlin le 8 octobre prochain. La France connaîtra-t-elle une mobilisation d’égale ampleur ? Il est permis d’en douter.
Pourtant, aucune cause, depuis l’affaire du mariage pour tous, ne mérite autant que les Français se réveillent. Mes lecteurs le savent : la signature du TAFTA – c’est-à-dire la création d’un vaste espace Euro-Afro-Américain vouée au consumérisme – est la dernière pierre que l’anti-France et les cosmopolitistes de tous poils ont prévue de poser sur l’édifice de déconstruction de la civilisation européenne d’inspiration romaine-chrétienne. Après l’Europe transnationale gouvernée par les Goldman Sachs boys (dont Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne, qui a participé à la ruine de la Grèce en tant que Président de Goldman Sachs Europe) ; après la réintégration de l’OTAN, c’est-à-dire la mise sous tutelle américaine de notre défense ; après la théorie du gender, sournoisement mise en œuvre dans nos écoles et qui gouverne notre politique familiale ; après la communautarisation de l’Europe qui se traduit par une politique d’immigration massive sans obligation d’intégration ou même d’adoption d’un minimum d’us et coutumes nationales – ce qui constitue de fait une véritable politique d’apartheid , c’est-à-dire de développement séparé à grand renfort d’injection d’argent public dans les zones vouées à l’immigration, et, s’agissant des Musulmans, une pleine liberté d’exercice de leur religion, y compris dans ses aspects les moins conformes aux fondements de notre société ; après toutes ces étapes, toutes engagées et très avancées, la signature du TAFTA constitue le point d’orgue d’une entreprise de destruction d’un modèle de société plus que bimillénaire sans possibilité de retour en arrière.
En effet, la signature du TAFTA détruirait le modèle politique au sens premier du terme de répartition des pouvoirs entre les citoyens (le Peuple), les organes institutionnels censés le représenter et les intérêts privés constitués en lobbies. Sans même attendre le TAFTA, de grandes sociétés lancent des procédures contre les États qui ont la prétention de prendre des dispositions contraires à leurs intérêts sous « prétexte », de leur point de vue, de protéger leurs populations. Par exemple, Philip Morris a attaqué l’Australie parce qu’elle a institué les paquets de cigarettes neutres. Le groupe énergétique suédois Vattenfall, qui exploite deux centrales nucléaires dans le nord de l’Allemagne, réclame à Berlin 4,7 milliards d’euros de compensation pour l’abandon du nucléaire décidé en 2011. Pour régler ce « différend », elle a saisi en 2012 un tribunal d’arbitrage de la Banque mondiale. La société américaine Lone Pine Resources, dont les activités d’exploitation du gaz de schiste sont concentrées au Canada, profite du fait qu’elle est enregistrée dans l’État du Delaware pour invoquer le chapitre 11 de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA). Arguant de sa seule intention de faire des recherches sous le Saint-Laurent, elle réclame 250 millions de $ au Québec pour avoir décrété un moratoire sur le gaz de schiste. De son côté (la presse française a été très discrète sur ce sujet), Veolia a contesté la mise en place d’un salaire minimal en Egypte. Il est vrai qu’elle a besoin de l’argent des pauvres pour subventionner les activités artistiques de l’épouse de son président Henri Proglio (lire)et pour verser des salaires mirobolants à Rachida Dati, notamment (lire), pour des missions pour le moins… brumeuses.
Trois dimensions de cet accord sont particulièrement inquiétants : la suppression des normes non tarifaires, l’institution de l’arbitrage privé et ce qu’on appelle pudiquement « la coopération réglementaire ». D’emblée, le résultat des « négociations » est annoncé par avance puisqu’elles devront aboutir à une libéralisation des échanges de niveau au moins égal à celui obtenu par le traité antérieur le plus libéral. Par ailleurs, la Commission européenne a proposé, notamment, la création d’une instance de coopération réglementaire où des « régulateurs » discuteraient et prendraient avec les lobbies des accords qui seuls seraient ensuite soumis aux instances politiques. Autrement dit : 1. Les Peuples ne pourraient plus choisir leur mode de production, même au nom de préoccupations sanitaires. 2. La souveraineté en matière judiciaire serait transférée des États à des instances privées non élues. 3. Dans le même ordre d’idée, le pouvoir de décision du politique, et, donc, la souveraineté des États sur les modes de production, d’échange et de consommation, serait bordé par des négociateurs privés non élus. Avec ce traité, si l’Irlande décidait de supprimer les avantages fiscaux consentis aux multinationales qui y ont leur siège, Apple, Google, et les autres pourraient le lui interdire !…
Que restera-il au politique et au citoyen ? L’inauguration des chrysanthèmes pour le premier et, pour le second, la consommation de toutes les m… produites par des consuméristes sans foi ni loi.
En réalité, l’institution du modèle de production et de consommation induit par le TAFTA est, de fait, la cause téléologique, c’est-à-dire l’aboutissement programmé de tout ce qui précède. Le modèle américain appliqué à l’Europe, à sa défense, à ses mœurs (le gender est né aux États-Unis dans les années 20) et à son organisation politique et sociale basée non plus sur les nations et le peuples mais sur les individus vivant en communautés conduisait naturellement à l’adoption de son système de production et de consommation.
Pour les Européens, c’est une affaire vitale, une question existentielle. Et pas seulement pour la préservation de son modèle de civilisation. En effet, ce projet transatlantique porté, je ne le rappellerai jamais assez, par des élites atlantistes qui ont noyauté toutes les forces vives de notre pays, à commencer par l’Elysée et les palais ministériels, la presse, les organes de défense, les grandes entreprises, etc.,, ce projet a des implications directes dans la politique étrangère et, donc, pour la sécurité, de notre pays. En effet, l’alignement de l’UE et, en particulier, de la France, sur les États-Unis, nous a fâchés avec le monde musulman et, surtout, avec la grande puissance qu’est – et qui le sera plus encore demain – la Russie.
Jacques Chirac avait épargné à la France les bourbiers irakien et afghan ; Sarkozy puis Hollande nous y ont replongés. Pour défendre quels intérêts ? Ceux, mal compris, à mon avis, des Américains et des Israéliens. Pour des raisons obscures, ils ont même étendu leur interventionnisme à la Syrie et à la Lybie. Total : la France est une cible privilégiée du terrorisme islamique. Un terrorisme par ailleurs facilité par une politique d’immigration massive, insensée à première vue mais parfaitement conforme au projet global, de populations pré-islamisées.
Partout sur ces théâtres de conflit, qu’ils soient économiques ou guerriers, où nous conduit notre assujettissement aux États-Unis, nous sommes confrontés à la Russie. L’Irak, la Syrie, mais, surtout, l’Ukraine, que nous avons aidé à déstabiliser pour des raisons évidentes qui s’appellent agriculture ogm et gaz de schiste. Leader d’un projet de bipolarisation du monde qui hérisse au plus haut point les Américains, Vladimir Poutine est devenu leur homme à abattre. Pour notre malheur, notre allégeance à l’Amérique nous en rend solidaires en vertu de l’adage « les ennemis de mes amis sont mes ennemis ». La différence est que les Américains aboient de loin alors que nous sommes à portée de missiles. Mais je ne veux pas faire peur au lecteur ; nous n’en sommes pas là. Et, pour l’heure, la guerre dont nous subissons directement les effets est la guerre économique engagée avec cette triste histoire de sanctions économiques contre la Russie, et dont les effets ne se sont pas fait attendre: non seulement nous ne pouvons plus vendre aux Russes nos produits agricoles mais, de plus, nos voisins dans le même cas viennent concurrencer notre agriculture qui n’avait pas besoin de ça pour mourir.
Or, si nos voisins se préoccupent activement de ces questions, nos concitoyens, eux, sont parfaitement inconscients des enjeux. Il est vrai qu’ils y sont confortés par un système d’information, notamment audiovisuel, aux ordres qui n’a même pas rendu compte des manifestations du week-end dernier. Heureusement, il nous reste l’Allemagne. En effet, le TAFTA est, en Allemagne, le sujet de préoccupation principal de la sphère politique autant que de la société civile. En ce domaine comme dans bien d’autres, il serait temps que nous regardions de l’autre côté du Rhin…
Merci, Kader, pour ce billet de réflexion. Traditionnellement, la géopolitique rencontre peu d’écoute en France, il est vrai que rien n’est fait pour développer le sujet. Vous avez raison: l’alignement de la France et de l’ Europe sur la politique US, en particulier vis-à-vis de Moscou, est préoccupant. Illustration récente avec l’affaire des « Mistral », dont nous refusons la livraison aux russes… Certes, les US nous ont autorisé, en dédommagement, des contrats de vente de « Rafale », mais le constat est là: la France n’est plus libre de sa politique extérieure.
Merci, Kader, pour ce billet de réflexion. Traditionnellement, la géopolitique rencontre peu d’écoute en France, il est vrai que rien n’est fait pour développer le sujet. Vous avez raison: l’alignement de la France et de l’ Europe sur la politique US, en particulier vis-à-vis de Moscou, est préoccupant. Illustration récente avec l’affaire des « Mistral », dont nous refusons la livraison aux russes… Certes, les US nous ont autorisé, en dédommagement, des contrats de vente de « Rafale », mais le constat est là: la France n’est plus libre de sa politique extérieure.
Se mettre dans le mains d’une super puissance (persuadée que non seulement Dieu bénit l’Amérique mais aussi qu’il est Américain) et qui ne comprend culturellement rien à la géopolitique est consternant.
Il suffit de voir les « succès » de la politique US au cours des 75 dernières années (et même avant).
– entrée en guerre si tardive qu’elle aura permis l’extermination simultanée de millions de juifs dans les camps et de millions d’autres sur les champs de bataille
– incompréhension des enjeux (malgré les mises en garde de Winston Churchill) qui a abouti au charcutage de l’Europe au profit de la dictature communiste (merci M. Roosevelt d’avoir si bien aidé ce cher « uncle Jo »)
– assistance active aux mouvements indépendantistes sur les territoires de ses alliés dans le but de les affaiblir après la guerre dans l’espoir toujours déçu soit de leur succéder (Good bye Vietnam) soit de mettre la main sur leurs richesses (pétrole saharien)
– interventions calamiteuses à Cuba, au Chili, en Iran, en Afghanistan, en Irak (pas une mais deux fois) et maintenant en Syrie où l’on se trompe à chaque fois d’ennemi et encore plus d’ami !
– et maintenant la tentative d’isolement de la Russie qui, je l’espère sera aussi « successfull » que le reste.
Quant au traité TAFTA ce n’est pour nous Européens que du « bullshit » ! Lisez le et vous comprendrez. J’irai à se sujet presque jusqu’à reprendre la théorie du complot si elle n’avait pas si mauvaise réputation.
Est-il possible de continuer à avoir des « amis » pareils ?
Je ne nourris pas d’antiaméricanisme primaire mais jamais la phrase de Voltaire ne m »aura parue mieux appropriée qu’à l’égard de notre très cher oncle Sam : « Seigneur gardez moi de mes amis. Quant à mes ennemis, je m’en charge »