Opération anti-terroriste à Saint-Denis (suite)

Et si on assistait à un dernier baroud des jusqu’au-boutistes européns de Daech ?

Cheik Hadji Attayak. L’imaginez-vous ne serait-ce que côtoyer un Abdelhamid Abaaoud ?

  Tous les témoignages fournis par les djihadistes revenus, aux deux sens du terme, du “djihad” en Syrie démontrent que les recrues européennes sont très mal vues par les rebelles locaux. Les amateurs d’aventure et de sang sont le plus souvent confinés à des fonctions peu prestigieuses ou, au mieux, envoyés au front comme chair à canon. D’ailleurs, l’horrible vidéo d’Abdelhamid Abaaoud où on le voit au volant d’un 4/4 indique que ses complices et lui y jouent le rôle peu glorieux de fossoyeurs. Par ailleurs, je me refuse à croire – mais peut-être suis-je trop rationnel – que les chefs de tribus qui constituent en réalité la caution la plus solide des dirigeants de Daech et, plus encore peut-être, les anciens officiers Baas de Saddam qui ont rejoint l’organisation après avoir été chassés de l’armée et totalement privés de ressources, je me refuse à croire, dis-je, que ces gens qui ne peuvent pas, à mon sens, être sur la même longueur d’ondes que les islamistes, acceptent sans réserve les agissements de gens comme un vulgaire Abdelhamid Abaaoud.

    Les arabes Orientaux ont en général une très mauvaise opinion des gens du Maghreb. Quand, de surcroît, ils ont à faire avec des jeunes de banlieue effrontés et décervelés comme ceux que, jusqu’à présent, on a vus impliqués dans tous les attentats, il est probable que ces gens raffinés qui vivent dans des sociétés basées sur le respect, la dignité et le nif (mot berbère qui signifie vergüenza ou vergogne mais ce mot, en France, a disparu en même temps que la vertu qu’il désigne) éprouvent un haut le cœur. Imaginez un vieux et respectable cheik^[1] bédouin face à l’un de ces énergumènes ; imaginez un général baasiste, laïc et habitué à la discipline, confronté à des trous du c.. comme Merah ou Abaaoud… Pouvez-vous croire sérieusement que des gens de leur calibre puissent envisager de donner la moindre responsabilité aux jeunes malades venus d’Europe ?

    La fable des “responsabilités” dont les apprentis djihadistes partis de France pourraient avoir été investis par Daech n’est qu’un fantasme de ces autres malades que sont nos scribouilleurs habitués à décrire assis sur leur cul ce qui se passe à 3 000 km de distance. Imaginez-vous un instant qu’un Abdelhamid Abaaoud puisse être sérieusement “l’un des terroristes francophones les plus dangereux et les plus influents du groupe Etat islamique” (le Parisisen) ? Moi, pas ! Dangereux à coup sûr mais influent, certainement pas.

    Peut-être n’est-ce que l’effet d’un désir, d’une espérance, que les gens, que la folie de nos dirigeants nous a mis à dos, sont plus raisonnables que nous ne le sommes mais j’ai l’intuition que les attentats de vendredi et l’assaut qui vient d’être donné à Saint-Denis ne sont pas le début d’une campagne mais la fin d’un cycle. Il y aura peut-être, sans doute, même, d’autres attentats car la pulsion mortifère d’un islam fantasmé de jeunes issus de l’immigration musulmane^[2] peut toujours être exploitée par des gens mûs par la haine de l’Occident. Quoi qu’il en soit, Daech, qui n’est pas Al Qaïda et qui ne peut pas, compte tenu de sa composition, n’être que ce qu’on en dit, peut être neutralisé par la diplomatie.

    Pour cela, il faut ouvrir une perspective susceptible d’intéresser les deux composantes, les tribus et les anciens officiers baasistes, sans lesquels Daech ne serait qu’un groupuscule terroriste.

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^[1] Ne dites pas chèque mais chikh, avec un petit raclement de gorge, un “r” mouillé à la marseillaise, comme Manu Chao dans le refrain de “Je ne t’aime plus, mon amour” à la fin de Bongo bong.
^[2] Ou même des frustrations plus terre à terre. Les trois frères Abdeslam sont passés à l’acte quelque temps après que leur café, qui servait de base à un prospère trafic de drogue, ait été fermé en septembre dernier par la Police belge. Je ne pense pas que ce soit une coïncidence.