Mon blog-notes du mardi 24 mai 2016

J’ai inventé une rubrique originale: le blog-notes à éclipses ou, si on préfère, en pointillés, un mardi de temps en temps, quand ça me prend.

Présidentielle autrichienne : les “forces de progrès” l’emportent après 24 heures de flou suspect

images    Marine Le Pen et ses amis ont dû se dire, comme le Caporal Diaz dans L’oreille cassée : “Caramba ! Encore raté !” Quoique ! Je ne suis pas sûr qu’ils se soient fait beaucoup d’illusions. En effet, là-bas comme ici, le parti que les autoproclamées “forces de progrès” ont convenu de qualifier d’extrême-droite” se heurte à deux difficultés : la première est son entêtement à vouloir y aller seul, qui ligue tous les autres partis contre lui et, accessoirement, jette un doute sur sa volonté de gagner ; la seconde est son penchant, dont on se demande s’il est suicidaire ou calculé, à toujours se distinguer par une particularité qui en fait, en toute dernière instance, une formation infréquentable.

    Au FN, c’étaient les mauvais jeux de mots de Jean-Marie Le Pen. Pour le FPÖ, je crois sérieusement que c’est l’insistance de son président Norbert Höfer à… porter un colt à sa ceinture. Oui, ça ressemble à première vue à un détail mais je suis sûr que ce détail pèse au moins aussi lourd – en tout cas au regard des trente mille voix qui lui ont manqué pour devenir Président d’Autriche – que celui de Jean-Marie Le Pen sur l’extermination des Juifs d’Europe.

    Autre chose me titille. Je trouve le candidat FPÖ et son parti particulièrement conciliants sur la façon dont ce scrutin s’est terminé. Dimanche soir, il avait plus de 149 000 voix d’avance sur son adversaire (4 points) alors qu’il restait 900 000 votes à dépouiller. Fait unique dans l’histoire des élections autrichiennes, il a fallu 24 heures pour donner le résultat final, lequel, ô surprise, inverse la tendance. Hofer ne récolte que 277 000 des 900 000 votes en suspens, soit 30,8% (contre 69,2% à son adversaire) alors qu’il avait obtenu 52% des 3 743 000 bulletins dépouillés la veille. D’un jour sur l’autre, son audience auprès des électeurs autrichiens a chuté de 68,6%. Ce, alors que les votants par procuration s’étaient exprimés AVANT les autres ! Vous ne trouvez pas ça curieux ? En effet, si on peut admettre que les votants du lendemain puissent corriger le verdict d’un scrutin DONT ILS CONNAISSAIENT LE RÉSULTAT, ce qui arrive d’un dimanche à l’autre d’une élection à deux tours, il est difficile de croire que le phénomène joue dans les conditions du scrutin autrichien de ce dimanche 22 mai.

    On dira que j’ai l’esprit mal tourné mais je trouve qu’il y a là un loup, comme dirait l’autre. Mais ce n’est pas tant mon opinion qui compte ; ce qui est curieux, c’est que le candidat Hofer ait tout de suite entériné le résultat et accepté sa défaite sans émettre le moindre doute ou même poser la moindre question. Cette affaire me laisse dubitatif. Pas vous ?

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Revers électoral pour l’ « extrême-droite » française aussi

images (1)    Avec ces histoires d’élections sans importance en Autriche (je blague !) deux résultats électoraux sont passés inaperçus ou presque. Ce sont deux élections partielles, à Nice et à Strasbourg. Celle de Strasbourg a occupé tous les commentateurs qui ont fait un pont d’or médiatique au mouvement MaVoix. J’ai même entendu ce soir quelqu’un parler d’un bon score des 4,25% du candidat tiré au sort pour représenter les citoyens de Strasbourg à ce scrutin. C’est donner beaucoup d’importance aux 607 des 64 153 électeurs de la 1ère circonscription de Strasbourg se sont déplacés pour voter pour MaVoix. Mais ce mouvement bobo-citoyen a des parrains puissants qui en font un sujet d’émissions radiophoniques sur France Culture. D’ailleurs, il a son utilité dans le paysage politique puisqu’il amuse la galerie pendant que l’UMPS continue de faire sa pelote.

    A bien y regarder, ce n’est pas si mal puisque le FN ne fait qu’un peu plus du double, 1 486 voix, soit moins de la moitié de son score en voix de 2012. Un interlocuteur expliquait cela, ce soir sur twitter, par le fait qu’il s’agissait d’une partielle. C’est bien ça l’inquiétant, pour le FN, j’entends. Quand on est un parti d’alternative, on est censé mobiliser mieux que ses adversaires. Or – mais mes lecteurs le savent puisque j’en parle depuis que ce blog existe – ce n’est plus le cas du Front National. Le véritable plafond de verre du FN, ce ne sont pas les médias, c’est son électorat. Il y a longtemps qu’il fait le plein. J’ai même remarqué que, d’une élection à l’autre, le FN gagne moins que ses adversaires. Mais il peut compter sur les médias pour faire mousser ses résultats en pourcentage, très flatteurs et propres à entretenir l’inquiétude d’une France confite dans la peur, résignée à sa décadence et peu disposés à faire quelque chose pour l’éviter.

    A Nice, où se jouait le remplacement de Christian Estrosi (qui, ces temps-ci, multiplie les coming out socialo-humano-immigrationnistes), le candidat du FN Michel Brutti a rassemblé 30,75 % des quelque 20 900 suffrages exprimés (participation de 23,33 %), soit 6 420 voix, c’est-à-dire 4 140 voix de moins qu’en 2012. Sans commentaire si ce n’est que Strasbourg, confirmé par Nice après avoir elle-même confirmé Nantes le mois dernier, s’inscrit dans une tendance lourde depuis des années : le FN stagne et ne sera pas en état de gagner, ni en 2017 ni jamais.

    La vérité est que le FN est un parti comme les autres. Trente pour cent des Français qui votent encore constituent pour lui un fonds de commerce lucratif et, pour l’anti-France, une formidable assurance-vie. Il ne progresse pas parce que trente autres pour cent de Français qui veulent le changement à droite ne lui font pas confiance. D’ailleurs, au vu de ce qui s’est passé ce lundi en Autriche, je me demande si MLP et ses amis ne trouveraient pas un moyen de se défiler au cas où, par un malentendu très improbable, les Français leur offraient le pouvoir.

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5 Responses to Mon blog-notes du mardi 24 mai 2016

  1. Robert says:

    “Le Fn est un parti comme les autres ” dîtes-vous… Oui, Kader, quant au fond le FN est devenu un parti comme les autres… Quant à la forme, MLP se distingue encore par des propos moins formatés que l’ UMPS, mais jusqu’à quand ?

  2. fernand says:

    C’est vrai qu’on peut émettre un doute quand au résultat final de cette élection.

  3. macia says:

    kader je suis d’accord avec vous.

  4. Jany says:

    Encore d’accord avec vous. Le FN ,en voulant se “dédiaboliser”et surtout”ratisser”large, a perdu de sa cohérence.Les électeurs de droite (la vraie) et non extrémistes ne se retrouvent plus en Mr.Philipot qui semble mener un double jeu.

  5. Edith Lariviere says:

    Sur l’Autriche, je me demande s les résultats n’ont pas été truqués????

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