Les Rendez-vous de Béziers (1)

Denis Tillinac terne et sans saveur en faire-valoir de Robert Ménard

CjeIdIsWsAAozbv    Quoique ne me faisant aucune illusion sur le but de l’opération « Rendez-vous de Béziers », je n’ai pas voulu rater la « conférence » inaugurale de Denis Tillinac, qui s’est tenue dans une grande salle comble du Palais des Congrès ce vendredi soir de 19h15 à 19h50, questions comprises,. Mais ça n’a pas empêché un public acquis d’avance et venu là pour s’extasier d’en être d’applaudir à tout rompre et de ponctuer toutes les déclamations, mille fois entendues ailleurs, par des manifestations de connivence. Il y a même eu, venue d’un monôme de membres de La Manif pour tous, une tentative de chœur de groupies genre meeting de Sarkozy. Mais Denis Tillinac n’est pas un tribun et les applaudissements le gênent plus qu’ils ne l’aident. Aussi ne laissa-t-il aucune chance à la moindre ola.

    Je m’attendais à une prestation de haute tenue de l’écrivain corrézien ; j’ai été déçu. Il s’est contenté, après une brève présentation de Robert Ménard, d’un digest de son discours habituel et cent fois récité à la télé. Avec des hésitations qu’on ne lui connaît pas dans les médias. Il est vrai qu’il venait juste d’arriver à Béziers, retardé qu’il a été comme beaucoup par la grève des cheminots ; il n’avait sans doute pas eu le temps de se chauffer la voix. Mais c’est plus probablement dû au fait qu’il lisait son texte. Car Denis Tillinac n’est jamais aussi bon que quand il improvise.

    Je ne m’attendais pas à ce que les questions du public relèvent la prestation. D’abord parce que ce n’est pas la première fois que j’assiste à un de ces exercices d’invités du maire de Béziers, à commencer par Éric Zemmour qui avait inauguré la série des « Béziers libère la parole ». Le public avait eu droit à quatre questions, pas une de plus. Ce soir n’a pas dérogé à la règle[1], et j’ai bien compris que Denis Tillinac n’était que le premier faire-valoir de Robert Ménard à entrer en piste.

    D’emblée, l’écrivain corrézien a été mis en cause pour son amitié avec Jacques Chirac par un « citoyen engagé de la région parisienne » qui n’a pas dit dans quel parti. Mais on a vite compris qu’il s’agissait d’un élu du FN. Sommé de faire mon mea culpa, j’aurais, à la place de Denis Tillinac, renvoyé l’importun dans ses cordes en rappelant qu’il y avait eu un Chirac national et patriote, qui a longtemps porté un programme qu’aucun électeur du FN ne récuserait aujourd’hui et qui a, pour cela, pris plus que sa part de coups de la part de ses ennemis de Gauche et de ses faux amis de Droite. J’aurais également dit que c’est quand son propre camp, mené par les Balladur et les Sarkozy qui lui devaient tout, l’a jeté comme on jette une serpillière ayant trop servi qu’il a viré sa cuti et a cessé de servir la Droite. Autrement dit, que c’est le Chirac des années quatre-vingt, cornaqué par Marie-France Garaud et porté par Pasqua, Séguin et Villiers, qui manque aujourd’hui à la France. Mais Tillinac n’est pas un politique ; alors, il a parlé amitié et fidélité. Quant à Robert Ménard, qui fricotait alors avec l’extrême-gauche, il ne fallait pas compter sur lui pour qu’il le dise ce soir.

    Dès cet instant, je me suis dit que l’ambition affichée des « Rendez-vous de Béziers », qui est de rassembler les Droites, avait du plomb dans l’aile. La deuxième question n’a fait que conforter mon impression. Venant là encore d’un membre du FN, il s’agissait d’une injonction adressée à Tillinac autant qu’à Ménard de se positionner clairement en faveur du FN. L’écrivain s’en est très logiquement sorti par une pirouette du genre « Moi, je suis un écrivain, jamais encarté, fidèle à mes convictions gaullistes, etc. ; » et s’est dépêché de passer la patate chaude à Robert Ménard. Lequel a botté en touche en disant qu’on en reparlerait dans les débats de demain.  Ce fut ensuite le tour d’une fan de Denis Tillinac qui eut tout loisir de dire son admiration pour son idole. Puis robert Ménard, qui se croit toujours animateur de télévision, a donné la parole « pour une dernière question » à un type qui avait préparé un discours de quatre pages. Soûlé dès la première minute de son laïus, et alors que les spectateurs commençaient à se dissiper et à s’impatienter, je me suis éclipsé.

    En sortant, je suis passé devant Marion Maréchal le Pen, qui m’a regardé en se disant qu’elle m’avait vu quelque part. J’ai remarqué qu’elle était plus jolie en vrai qu’à la télé car moins grande, moins asperge. Elle paraissait plus sympa, aussi. Mais tout ça ne fait pas une politique. Dans le hall du Palais des Congrès, Louis Aliot et d’autres invités des « Rendez-vous de Béziers » étaient à mille lieues de s’intéresser à l’orateur du moment car ils étaient bien trop occupés à répondre à la presse ou à papoter. Pauvre Tillinac!

    Demain, comme je ne suis pas ubiquiste, je serai présent à deux débats (sur dix !). Celui du matin à 10h sera tronqué du fait du rassemblement organisé par le député Elie Aboud en soutien aux forces de l‘ordre. (Tiens, je me demande s’il n’a pas choisi ce jour-là, justement, pour saborder un peu le colloque du Maire !) Il s’agit d’un débat titré « Famille : après la loi Taubira, que reste-t-il de nos Manifs ? » avec Ludivine de la Rochère, la Présidente de la Manif pour tous. L’après-midi, je serai au débat « Europe : fin de la France ou instrument de puissance ? » présenté par l’ancien Young Leader de la French American Foundation devenu patron de Valeurs actuelles Yves de Kerdrel.

    J’espère pouvoir, à chacune de ces tables rondes, poser au moins une question. En effet, je trouve que les Droites nationales ne dénoncent pas assez la main-mise du lobby financiariste et mondialiste sur l’Europe. Et je suis inquiet quant au sort des lois Taubira ; il me semble que plus personne ne veut ré-ouvrir le dossier.

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[1] La promesse de Robert Ménard de « donner la parole » aux citoyens « pour envoyer un message à tous ceux qui briguent nos suffrages » est d’ores-et-déjà trahie mais chacun sait que les promesses n’engagent que ceux qui y croient.
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