Présidentielle 2017 : un débat AF-FLI-GEANT !

La France n’a pas mérité Macron mais Marine mérite-t-elle la France ?

Dès l’apparition des débatteurs à l’écran, j’ai été saisi d’un léger malaise : Marine le Pen n’était pas maquillée, ni fond de teint, ni rouge à lèvre. Or, on sait bien que la télévision accuse les moindres rides. On a donc vu un Macron lisse et lumineux car LUI l’était, et une Marine terne, aux lèvres absentes et aux ridules bien en vue. Malaise !

Quand j’ai entendu Marine Le Pen rentrer dans le chou de son adversaire, je n’ai pas du tout été choqué, si ce n’est par le ton, que je ne qualifierai pas car le mot qui me vient est trop dur. Je n’ai pas été choqué car essayer de mettre l’adversaire en colère (dont chacun sait qu’elle n’est pas bonne conseillère) était de bonne stratégie. A condition de ne pas faire que ça et, surtout, à condition, ensuite, d’assurer. Et, là, plantage total : Marine Le Pen n’a pas été que violente, agressive, méchante, de mauvaise foi et vindicative ; elle l’a été pendant les deux-cents minutes qu’a duré le débat. Surtout, elle a été, à la fin, franchement grotesque, perdant, en quelques minutes, tout le crédit de l’image maternante qu’elle avait réussi à se forger. Autant dire que, la première demi-heure passée, Emmanuel Macron, qui avait tout compris, n’eut aucune peine à apparaître comme son exact contraire, allant même, de manière très maligne, jusqu’à la pousser volontairement dans ce registre.

Sur le fond, Marine Le Pen a été en dessous de tout. Manifestement, elle n’avait pas préparé son débat et ses très nombreux et encombrants dossiers ne contenaient rien de bon. Comment peut-on, après avoir mis la question de la sortie de l’€uro sur le tapis (voir mon article précédent), avoir aussi mal préparé le traitement des objections qui pouvaient d’autant moins manquer qu’elles avaient déjà abondamment servi aux adversaires de Marine Le Pen depuis l’annonce de son revirement ? Comment a-t-elle pu ne pas placer les notions de « monnaie nationale » et de « monnaie d’échanges internationaux » ? Comment a-t-elle pu ne pas citer le dollar et l’ÉCU (en Français macronien, European Currency Unit) inventé par Giscard ?

Marine Le Pen a bien dit que, avant de constituer une monnaie unique sous forme fiduciaire (pièces et billets) l’€uro avait été utilisé comme monnaie d’échange immatérielle (chèques de voyage, transferts électroniques, services bancaires) ; mais elle s’est trompée de date, parlant de 1993 au lieu de 1999. Macron l’a aussitôt contrée sur un ton virulent et un air méprisant tels que Marine Le Pen a vite renoncé ? Que se serait-il passé si, à cet instant, elle avait produit un document prouvant que le prétentieux inspecteur des finances Macron POUVAIT se tromper y compris sur les domaines qui étaient de sa compétence supposée ? Se tromper ou, au minimum jouer de mauvaise foi car il insistait beaucoup sur l’année, répétant à plusieurs : « Vous soutenez que les entreprises utilisaient l’€uro dès 1993 ? » ou à peu-près.

C’est à ce moment-là que le débat a basculé. Au lieu de quoi, imagine-t-on ce qu’il en aurait été si Macron avait été mis en échec ? Mais on ne refait pas le match. Le fait est que, après cela, il a gagné en assurance. Mieux, il a su jouer du contraste avec le style doberman (j’emprunte la formule à Thomas Legrand, ce matin, sur France-Inter[1]) choisi par Marine Le Pen pour « présidentialiser » son image. A partir de là, il n’a plus eu qu’à dérouler car, loin de reprendre une attitude plus digne, Marine Le Pen s’est enfoncée dans une attitude résolument négative et, malheureusement exclusivement négative.

Exclusivement négative, la stratégie de Marine Le Pen n’avait opté que sur un angle d’attaque : la personne, les fréquentations et les soutiens d’Emmanuel Macron. Son projet mondialiste d’une Europe supranationale vouée à l’immigration, au communautarisme et au consumérisme méritait beaucoup plus que les quelques fois où il a été invoqué et noyé dans la cacophonie ambiante. Il en est de même de sa politique économique d’ubérisation et de déréglementation générale qui va précariser encore plus de travailleurs et mettre notre système social cul par-dessus tête.

Marine Le Pen aurait d’autant plus gagné à s’en tenir au fond au moins jusqu’à son laïus de fin, qu’elle avait raison sur la plupart des attaques portées contre Macron. Sur sa personne, sur ses fréquentations, sur ses soutiens mais aussi sur son projet sociétal, sur ses compromissions et ses conflits d’intérêts, sur le bradage du patrimoine économique français, etc. N’en déplaise aux médias amis de Macron qui, à commencer par le service dit « public » d’information ce matin, mentent sur les soi-disant mensonges de Marine Le Pen, elle avait raison sur toute la ligne. Macron est bien mouillé dans la vente en 2014 de la branche énergie d’Alstom à General Electric, dans celle de SFR à Patrick Drahi, le propriétaire d’une partie des médias qui chantent les louanges de Macron et font sa campagne à longueur de journée, et dans celle des Chantiers de l’Atlantique à l’italien Fincantieri. Une vente qu’il a niée effrontément sans risque d’être repris vu la confusion du débat.

Au lieu de vitupérer pendant deux heures et vingt minutes, avec, à la fin des mimiques, des ricanements et un comportement général extrêmement gênant qui resteront dans les annales de la télévision, Marine Le Pen aurait pu attendre son laïus de fin pour mettre en cause de la personne de son adversaire ; elles eussent ainsi laissé une empreinte dans l’esprit des Français et orienté leur vote. Au moment de choisir leur bulletin, ils se seraient dit : « Non, je ne PEUX pas voter pour un homme tel qu’Emmanuel Macron ! » Au lieu de quoi, à la suite du débat d’hier, ils risquent bien de se dire : « Non, je ne PEUX pas voter pour une femme telle que marine Le Pen ! »

Quel gâchis !

(A suivre)

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[1] Tout le pseudo-service public de radio est, depuis hier soir, au service du candidat Macron.

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11 réponses à Présidentielle 2017 : un débat AF-FLI-GEANT !

  1. Marc Blondet dit :

    Tout a fait d’accord malheureusement…

  2. domichel dit :

    hélas, hélas, hélas, on a vu un chef de parti , beaucoup moins la présidentiable. DOMMAGE car elle a eu des opportunités nombreuses pour le  » laminer  » dans ses contradictions et propositions « ubuesques  » en matière de Sécurité comme l’amende aux délinquants ou considérations de tous les terroristes en malades psy, là , elle a été assez à l’aise et a répliqué , lui fut souvent la bouche sèche, l’écume blanche aux lèvres dénotant un stress important…… A trop l’attaquer, elle lui a forgé une »stature »……….dont il va profiter jusqu’au 7 mai et après……..
    nous voici en marche pour un hollande bis …………j’en pleurerai!

  3. Jany dit :

    Oh !Combien vous avez raison .Quel gâchis ! Ce débat était abominable,honteux et triste pour la France !Je suppose que la stratégie de MLP était de déstabiliser son adversaire ou mieux de lui faire perdre son sang-froid en espérant, peut-être pas le battre, mais réduire leur écart en prévision de « l’après ».Que l’on adhère ou non à ses idées,MLP est pourtant une femme politique qui habituellement sait débattre calmement et argumenter mais là elle donne le bâton pour la battre ! Quand à E.Macron sous son apparence policée n’a pas lésiné en persiflage mais cela ne lui sera pas reproché.Elle s’est laissée enfermée sur l’économie alors qu’elle pouvait l’emmener sur le social et le communautarisme (ex: UOIF)
    Résultat:Aucun ne se montre à la hauteur de l’enjeu.En espérant que la France ne sombre pas complètement dans ce prochain quinquennat.
    Amicalement

  4. STANISLAS dit :

    Hélas, les jeux sont faits ! Quel va être le visage de la France avec un président qui dit le lendemain, le contraire de ce qu’il a dit la veille ! Le seul espoir réside dans les élections législatives, à supposer qu’elles limitent les dégâts ! Il faut pour cela que les Français n’aient pas la mémoire trop courte

    • Kader Hamiche dit :

      C’est fichu. la prochaine présidentielle ne sera pas française mais européenne.
      Quant aux législatives, elles accoucheront d’une majorité favorable à une UE souveraine. Ce sera donc la fin de la France comme état-nation.
      De profundis!

      • domichel dit :

        Je ne donne pas 6 mois pour que Macron s’ il accède aux hautes fonctions, ne devienne la nouvelle plaie des Français.avant de se voir adouber en grandes « pompes » par l’impératrice Merkel et son pré carré l’UE …… la France sera morte le 7 mai à 20h mais le faire part de DC était annoncé depuis 1981 avec l’arrivée de Mitterand .
        ITE MISSA EST!

  5. Centulle dit :

    Est ce que Marine Le Pen attaquée de tout les cotés depuis des mois n’a donc pas le droit d’être un peu fatiguée. Et c’est sur une impression qu’on va s’engager pour cinq ans. Mais quel immaturité!

  6. Robert dit :

    La situation politique actuelle est effectivement l’aboutissement d’un processus de délitement remontant à… plusieurs dizaines d’ années.
    Nous nous sommes engagés dans le processus européen, « le veau d’or européen », sans assurer nos arrières. Notre pays y a perdu son âme, et on a – volontairement – confondu nationalisme et patriotisme.
    Les différents présidents élus – de droite comme de gauche – étaient tout à fait représentatifs de cette évolution, exerçant (avec plus ou moins de talent d’acteur) un pouvoir d’apparence dans une démocratie d’apparence.
    Désormais, la France sera une entité administrative dans un ensemble régis à Berlin sous l’autorité de Washington… sachant que le pouvoir n’est pas à la Maison Blanche mais à Wall Street.

  7. arcestblog dit :

    Il faut tout de même être sérieux. Quant on entame un débat de cette importance en éructant, la messe est dite. Quel niveau désastreux pour des candidats à la magistrature suprême. Je suis bien entendu persuadé, comme la majorité d’entre nous, qu’on va en re baver pendant ces cinq nouvelles années. Mais à nous, maintenant de ne pas nous laisser faire !

  8. angel dit :

    Bsoir Kader
    très bien votre post j l’ai vraiment apprécié merci
    Pour ma part c finit j n voterais plus et Marine pourras faire tout son cinéma …! terminer
    Les Français n voulait plus d hollande et des socialos et,ils ont voter pour l clown macron !!les français doivent aimer le théâtre de guignol …. c leur choix la France est morte et comme disent les autres bien heureux Allah ackbar …
    merci encore Kader
    bnne soirée

  9. zeraoune ... dit :

    Ceci est le résultat d’une France de LACHES et d’HIPOCRITES ….Souvenez vous de l’Algérie !!!!

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